On peut diviser les théories de la motivation au travail en deux
grands modèles. Les théories du contenu concernent la satisfaction en matière
de besoins
du personnel et les théories des processus comportent les différentes explications
sur les processus cognitifs qui influencent les actes des employés.
1. Les théories de contenu :
Les théories dites de
contenu ou du besoin ont toutes une base commune: l’idée qu’il existe une force
interne qui pousse chacun d’entre nous à chercher la satisfaction des besoins
qu’il ressent. La motivation serait alors un ensemble d’activités déployées
pour obtenir cette satisfaction.
Nous
pouvons nous donc poser la question suivante : Quels sont les besoins et les
désirs qui animent chaque individu et sous-tendent la motivation ?
a-
Théorie des besoins d’Abraham
Maslow :
En 1943, Abraham Maslow publie sa théorie
selon laquelle tout individu au travail ressent des besoins qui sont sources de
motivation. Il propose l’existence de besoins répartis en cinq catégories,
qu’il est possible de hiérarchiser et de classer dans une pyramide :
·
Les besoins physiologiques : c’est le premier
niveau, le plus basique. Ces besoins peuvent être satisfaits par
l’intermédiaire de la rémunération.
·
Les besoins de sécurité (économique, psychologique, physique) qui
peuvent être satisfaits notamment en développant l’employabilité des individus.
·
Les besoins de sociabilité (appartenance,
communication). Ils peuvent être satisfaits par un développement du sentiment
d’appartenance, notamment par la culture d’entreprise, la communication
interne, les groupes de projet, les activités sociales…
·
Les besoins de reconnaissance (estime,
considération). Ils peuvent trouver écho à travers les systèmes de
rémunération, l’implication des individus, le management participatif,
l’empowerment des individus…
·
Les besoins d’accomplissement. Ils peuvent être
satisfaits par le développement personnel (formation, carrière…) et
l’empowerment qui permettent à l’individu de se sentir utile et compétent.
Pour motiver un individu, Maslow explique qu’il
faut d’abord comprendre à quel niveau de la hiérarchie cette personne se situe,
puis s’attacher à satisfaire les besoins correspondants à ce niveau, ou ceux du
niveau immédiatement supérieur.
Cette
théorie nous dit quels
besoins peuvent être à la base d'un comportement mais ne dit pas quand ni
pourquoi la personne opte pour un comportement spécifique pour satisfaire tel
ou tel besoin, De plus il est fréquent que les besoins soient multiples et
contradictoires.
b-
La théorie ERG de Clayton
Alderfer
La théorie de Maslow a
été relativement peu vérifiée dans la réalité, principalement à cause de la
structure très hiérarchisée des besoins. En réponse, Alderfer (1969) propose
une théorie des besoins moins dogmatique dans la hiérarchie mais qui stipule également
que c’est la sensation de besoin qui motive l’individu au travail. Alderfer
recense trois types de besoins :
·
Les besoins d’Existence :
Ce sont les besoins primaires, physiques; qui trouvent satisfaction par l’entremise,
d’une part, de la nourriture, de l’air et de l’eau et, d’autre part, du
salaire, des avantages sociaux et des conditions de travail.
·
Les besoins de
sociabilité (Relatedness) : Ce sont les besoins de relations interpersonnelles;
ces besoins sont satisfaits lorsque l’individu établit des relations
interpersonnelles significatives. Ils regroupent les besoins de reconnaissance,
d’appartenance et d’affiliation qui poussent une personne à créer des liens
avec son entourage et à rechercher la reconnaissance et l’estime d’autrui.
·
Les besoins de
développement (Growth): Ce
sont les besoins de création, de réalisations significatives, d’utilisation et
d’amélioration des compétences; ces besoins sont comblés lorsqu’un individu
parvient à créer ou à réaliser des projets significatifs tout en ayant le
sentiment d’utiliser son plein potentiel et de s’épanouir.
Alderfer
n’impose pas de hiérarchie dans l’apparition des besoins même si on constate
une certaine progression dans leur développement. Toutefois, son modèle résiste
mieux que celui de Maslow à l’épreuve des faits étant donné qu’il est moins
strict dans sa structure.
c-
La théorie des besoins acquis de McClelland (1961)
McClelland a proposé en
1961 sa théorie selon laquelle un des trois besoins qu’il a recensés prédomine
chez chaque individu et influe sur sa motivation et il déclare que tout le monde ressent trois
besoins particulièrement importants :
·
Le besoin d’affiliation :
C’est le besoin de s’associer à d’autres personnes.
·
Le besoin d’accomplissement :
C’est le besoin de relever des défis, d’atteindre des objectifs.
·
Le besoin de pouvoir :
C’est le besoin d’avoir de l’influence sur ses pairs, d’être capable de les
motiver vers un objectif précis.
La
personnalité de chaque individu est marquée par la prédominance d’un des trois
besoins qui sera la force motrice qui influera sur ses comportements.
Ainsi, cette théorie semble avoir comme objectif de montrer que
« la volonté de réussir est une auto- motivation puissante ».
d-
La théorie des deux facteurs d’HERZBERG
Si Maslow et Alderfer
définissent les besoins par leur contenu, sans chercher à les regrouper en
catégories, Herzberg quant a lui
distingue deux types de besoins, ceux qui sont propres à tous les êtres
vivants, et ceux qui sont particuliers à l’espèce humaine. ». Et pour lui,
seuls ces derniers sont des « motivateurs » alors que les autres, qu’il
qualifie « d’hygiènes » seraient seulement susceptibles, dès qu’ils sont
pourvus, de réduire l’insatisfaction.
Pour Herzberg, les sources de motivations se
distinguent donc en deux comme le détermine le nom de son modèle « bi-factoriel
».
·
Les
facteurs situés sur l’axe de la satisfaction : également appelés « motivateurs », sont
associés au contenu du travail ; ils comprennent la réussite, la considération,
l’autonomie, les responsabilités et l’avancement.
·
Les
facteurs situés sur l’axe de l’insatisfaction: Herzberg les appelle également
facteurs « d’hygiène » ou d’ambiance, ils comprennent les
politiques organisationnelles, la supervision (aspect technique),
la politique salariale, les relations interpersonnelles, les conditions de
travail et la sécurité d’emploi.
Selon Herzberg,
si on veut motiver les individus au travail, il faut jouer sur les facteurs de
satisfaction (facteurs motivateurs); Il propose donc le concept
d’enrichissement du travail avec une double intervention sur le contenu du
travail :
v
L’élargissement
horizontal du travail:
Il consiste à confier davantage de tâches à l’individu mais également à ce que
celles-ci soient plus variées. La polyvalence, la flexibilité qualitative, le
travail en équipe ou en groupe de projet sont des réponses appropriées.
v
L’étendue des tâches ou
l’enrichissement vertical du travail : Il consiste à déléguer à l’individu un niveau plus
élevé d’autonomie et de responsabilités dans son travail, quel que soit son
niveau hiérarchique.
Il faut
toutefois rappeler qu’Herzberg a été fréquemment critiqué car il « confond » la
motivation au travail avec la satisfaction au travail, dont la définition
admise est de désigner « un état émotionnel agréable ou positif résultant de
l’évaluation faite par une personne de son travail ou de ses expériences au
travail » (Locke, 1976, p.1300).
2. Théorie de processus :
Ces théories
tentent d’expliquer comment les forces interagissent avec l’environnement pour
mener l’individu à adopter un comportement particulier.
a-
La théorie des attentes de VROOM
Selon Victor Vroom, la
force motivationnelle dépend de l’enchaînement de trois types de perceptions :
·
L’attente (Expectation)
: l’individu formule des attentes sur la probabilité d’atteindre un objectif de
performance en fonction d’un certain niveau d’effort consenti dans son travail.
Ainsi; les questions qu’il peut se poser sont :
-
Si je fais un effort, quelle est la probabilité pour que j’arrive au
résultat voulu ?
- Suis-je capable de réussir telle
performance, de résoudre tel problème ?
·
L’Instrumentalité : c’est l’estimation de la probabilité
que la performance attendue, prévue par l’individu, entraîne des conséquences
et des résultats (des récompenses ou bien des sanctions). Il est ici également
question d’attente, cette fois-ci à propos des avantages et des sanctions qui
résulteraient de l’atteinte ou non d’un objectif de performance.
Ainsi,
la question qu’il peut se poser est :
-
Qu’est-ce que j’en
retire ?
·
La Valence : c’est la valeur affective que
l’individu attribue aux récompenses obtenues. Autrement dit, il
ne suffit pas que les récompenses soient clairement perçues, il faut que l’individu
souhaite réellement les obtenir (qu’elles aient de la valeur pour lui). Là
encore, si la récompense attachée à la performance n’a pas une valeur
suffisante aux yeux de l’individu, la motivation sera nulle.
Pour que la motivation “ fonctionne” en tant que
processus, il faut que ces trios paramètres- valence, instrumentalité,
attentes- fonctionnent ensemble car si l’un des facteurs est absent ou nul,
c’est l’ensemble de la motivation qui sera nulle. Il faut donc envisager
l’action de ces trois paramètres sous la forme d’un produit cartésien :
M=V*I*E.
Par exemple, il n’y aura pas de motivation si un
individu a produit les efforts nécessaires pour atteindre une certaine
performance mais que cette performance n’est pas rétribuée d’une façon ou d’une
autre. Il n’y aura pas non plus de motivation si l’individu ne valorise pas sa
tâche au-delà de la rétribution qu’il en reçoit (par exemple s’il ne comprend
pas l’utilité de la tâche). Il n’y aura toujours pas de motivation si
l’individu n’accorde pas de valeur à la rétribution qu’il reçoit
b-
La théorie de l’équité de Stacy Adams (1963, 1965)
Dès le début des années
1960, Adams développe la théorie de l’équité, Selon lui, tout individu au
travail observe son environnement afin d’évaluer si le traitement qui lui est
réservé est équitable ou non. L’individu effectue le rapport entre les
avantages qu’il retire de son emploi et
les contributions qu’il effectue pour l’organisation.
Ø Les
avantages (outcomes)
regroupent le salaire, les promotions, les conditions de travail, le statut, la
reconnaissance, l’intérêt des tâches réalisées…
Ø Les
contributions (inputs)
comprennent la formation détenue, l’implication, l’ancienneté, le niveau de
compétence, les efforts réalisés, les performances, l’expérience
professionnelle détenue…
La théorie de l’équité est fondée sur le
rapport intrants-extrants en milieu de travail. Les intrants consistent
essentiellement en l’apport de l’individu à l’organisation : la compétence,
l’engagement, la loyauté et l’implication.
Les
extrants sont tout ce que l’individu reçoit de l’organisation en échange de sa
contribution, comme le salaire, la formation, la reconnaissance, les défis et
la progression de sa carrière. Ce que l’employé reçoit forme sa rétribution,
alors que les efforts qu’il fournit en raison de sa formation et de son
expérience constituent sa contribution.
Les forces qui incitent une personne à agir
proviennent du processus de comparaison individuelle (contribution/
rétribution) sociale (moi/ les autres) et de désaccord entre les éléments de
connaissances : dissonance cognitive.
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